Le gouvernement vient de révéler les chiffres tirés d'un sondage effectué auprès de 1318 élèves de la Principauté. L'alcool y tient une large place
Que consomment réellement les jeunes monégasques ? C'est à cette question que le gouvernement a souhaité répondre. La direction de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports a donc demandé son aide à l'Observatoire français des drogues et de la toxicomanie. Ce dernier a dit banco et a inscrit Monaco dans le projet européen Espad (European school project on alcohol and other drugs). Une enquête qui se déroule tous les quatre ans dans l'ensemble des pays européens et qui interroge de manière comparable plus d'une centaine de milliers d'adolescents.
A Monaco, ce sont ainsi 1 318 élèves qui ont répondu à un questionnaire totalement anonyme, réalisé le 4 avril 2007. Tous les élèves présents ce jour-là ont été interrogés. Comme ils en avaient la possibilité, neuf parents ont refusé que leur enfant participe et un seul élève a dit non.
La consommation d'alcool multipliée par trois entre 16 et 18 ans
Cette première photographie des habitudes de la jeunesse monégasque n'est pas sans intérêt. Alcool et tabac figurent parmi les substances les plus consommées. A la question, « qu'avez-vous déjà expérimenté ? », c'est-à-dire, testé une fois, 96 % des ados de 16 ans et plus évoquent l'alcool et 66 % le tabac. En revanche, lorsqu'on leur demande s'ils en font un usage régulier, le taux chute : 18 % des « 18 ans et plus » reconnaissent boire régulièrement (soit plus de 10 fois par mois).
« Sur tous les produits, les fréquences d'utilisation croissent avec l'âge », note le rapport. Mais le sexe joue aussi. « Chez les garçons, la proportion de fumeurs quotidiens est multipliée par quatre entre 16 et 18 ans. Alors qu'elle n'est multipliée que par 1,6 chez les filles. »
Entre 16 et 18 ans, la consommation régulière d'alcool est multipliée par trois, tout en restant en dessous de celle du tabac.
« Globalement, les ivresses alcooliques sont des comportements masculins. (...) Pour les ivresses répétées (au moins trois dans l'année), les niveaux augmentent fortement avec l'âge chez les garçons, alors que la progression apparaît moindre chez les filles. »
Le phénomène inquiétant, en matière d'alcool, est l'augmentation des alcools forts avec l'âge. Les boissons les plus fortes en degré représentent 69 % des alcools consommés par les plus de 18 ans.
Côté expérimentation des drogues, c'est le cannabis qui tient le haut du pavé. 42 % des élèves interrogés à Monaco déclarent en avoir consommé au moins une fois dans leur (courte) vie. En revanche, la consommation régulière de cannabis n'affecte « que » 5 % des élèves. Autre chiffre qui fait peur : 7 % des élèves (tout de même !) avouent avoir consommé au moins une fois de la cocaïne ! Peut-être le chiffre le plus inquiétant de l'étude, qui pose également la question de l'approvisionnement. Où et comment se procurent-ils ces substances ? Globalement, ces résultats sont comparables avec ceux obtenus côté français. Ce qui indique déjà que les élèves ont joué le jeu. Dans les deux pays, l'expérimentation du tabac (cela peut être une seule bouffée), concerne une majorité d'élèves, et l'usage quotidien un peu moins d'un élève sur cinq. Particularité : si les fumeurs sont plutôt masculins en France, à Monaco c'est au contraire les filles qui sont deux fois et demie plus nombreuses que les garçons à fumer quotidiennement.
Côté cannabis, même rapport filles-garçons, ces dernières consommant plus. Mais il faut noter que les taux de consommation de cannabis sont équivalents entre les deux pays.
Pourquoi cette différence entre filles et garçons en Principauté ? « Les jeunes filles de 16 ans de Monaco déclarent une très grande sociabilité, tente d'expliquer le rapport. 50 % d'entre elles déclarent sortir au moins une fois par semaine dans les cafés ou restaurants. Les garçons seulement 36 %. »
Or des études ont montré le rapport très étroit entre sorties et consommation.
G. L.
Auteurs : G.L